jeudi 25 juillet 2013

Stratégie dans le souterrain ( épisode 7 de Des zombies dans le RER)



Retrouvez ici les épisodes un, deux, trois, quatre, cinq et six


« ça n'est pas cohérent, s'arrêta Gloria, les gens auraient pu descendre à St-Michel... on dirait qu'ils ne remarquent rien, que ça ne change rien à leur quotidien, même s'il y a des cadavres qui jonchent le sol... et ça pue la mort. » « Oui mais tu as vu les gens? répondit Lisa, c'est le matin, personne ne parle, ils dorment à moitié ! Quand tu as crié « au loup !», ils t'ont regardé comme une folle. Si ça ne rentre pas dans leurs cases et qu'ils ne comprennent pas, et bien ça n'existe pas, et c'est tout! ». « Oui mais nous, pourquoi on s'est planqués ? pourquoi on n'est pas passés par le quai pour aller prévenir le chauffeur, et pourquoi on n'a pas tiré l'alarme? Elle reprend son souffle pour exprimer plus lentement la question qui la taraude : « Et là... on dirait qu'il n'y a plus de zombies... On va arriver à Châtelet, on va sortir du RER... Il y aura tous ces cadavres et nous on sera emprisonnés pour meurtre, parce que qui nous croira?... Il n'y avait pas de zombies à St-Michel! »
Lisa pose son sac à dos sur un strapontin propre: « Tu sais quoi, on va continuer notre avancée, on va au moins aller à la prochaine voiture, histoire de ne pas descendre d'un wagon plein de chair humaine, d'accord ? Mais avant ça, on va se changer. J'ai des lingettes, tout ça, et je vais te prêter mes vêtements, comme ça on n'aura pas l'air de meurtrières et si on peut sortir à Châtelet, s'il n'y a pas de zombies à Châtelet, ils se débrouilleront sans nous pour chercher à comprendre cette histoire ! ça te va? » Gloria fit oui avec la tête. Lisa lui tendit des lingettes, et elles s'essuyèrent le visage en regardant leur reflet dans les vitres taguées au cutter du RER B. Lisa avait une bouteille d'eau minérale. Elle bu et s'en versa sur la tête pour faire glisser le sang de ses cheveux, Gloria en fît autant. Toutes deux reprenaient visage humain. Lisa passa un short et un teeshirt à Gloria qui se déshabilla et roula ses anciens vêtement sous un siège. Dans son sac, elle avait une paire de converse, et elle abandonna ses escarpins, pour les enfiler. « J'avoue que j'avais mal aux pieds avec ces trucs, mais ils étaient beaux... enfin...avant! ».
Tout à coup le train s'arrêta et l'électricité fut coupée. Gloria utilisa son portable comme lampe, et Lisa referma son sac qu'elle remit sur le dos. Elle se réarma du marteau et de la casserole, et Gloria de l'appareil photo. Elles étaient à l'affût. En silence elles saisirent cette opportunité pour se transbahuter dans le wagon suivant. « Pschitt » fit la porte coulissante. Dans l'obscurité étouffante un frisson leur parcourut l'échine. Ni l'une, ni l'autre n'auraient pu expliquer cette sensation, mais dans la chaleur, le froid et la peur avaient gagné leurs âmes. Quelque chose semblait se déplacer dans l'air, une rumeur, comme l'écho lointain de hurlements. Lisa se colla à Gloria : «  Peut-être qu'on devrait marcher dans le tunnel, revenir à St-Michel et sortir par là-bas? ». Mais l'écho semblait venir des deux côtés, des cris déchirants les prenaient en sandwich, et plus elles tendaient l'oreille plus elles percevaient la spécificité des douleurs humaines, et celles des grognements.
« Que fait-on? » chuchota interrogativement Lisa
« j'ai une idée absurde... Pour survivre en temps d'apocalypse zombie, il faut s'éloigner des zones d'habitation urbaine... Je n'ai pas de voiture... et même si j'en avais une... fuir par la route, ça signifierait être coincée dans les embouteillages... tandis que si on peut prendre le contrôle du RER on pourra rejoindre une banlieue campagnarde ou arrêter le train au milieu de nulle part. Peut-être que le train peut même rejoindre les lignes de TER et qu'on pourrait aller jusqu'à la mer... prendre un bateau... »
« Tu divagues ! » affirma Lisa.
«... Je ne sais pas conduire, mais je sais naviguer. En tout cas, il faut rejoindre le conducteur et faire en sorte que le train ne s'arrête pas à Châtelet, ni à Gare du nord. Il ne faut pas qu'il s'arrête à une gare souterraine sinon on ne s'en sortira jamais.  Et dès qu'on passe Châtelet je pourrais appeler une copine obsédée par les zombies, elle s'arrange pour trouver une voiture et on la retrouve avec tous ceux qu'on aura pu joindre à ce lieu de rendez-vous... Mais d'abord il faut rejoindre le conducteur. »
« Ok, chuchota Lisa, ton plan est poétique, mais imagine que le chauffeur est mort, qu'il est devenu zombie ou bien qu'il n'a pas le contrôle du train, que c'est une sorte de système semi-téléguidé. Ensuite les voies sont probablement bloquées, ça n'est pas un plan réaliste, et là il faut survivre. »
« le train nous protège des zombies, ça nous emprisonne avec eux si on est à l'intérieur, mais c'est plus facile à défendre que de se balader dans le noir dans les tunnels. Pour l'instant il est arrêté donc, nous, on peut avancer, et si le chauffeur est mort on pourra toujours tenter de communiquer avec sa radio, il doit bien en avoir une, et se faire guider dans les tunnels pour atteindre des escaliers qui mènent à l'extérieur. Là ça te semble moins poétique comme plan? »
« Là oui, j'ai l'impression que tu saisissais l'opportunité d'une attaque zombie pour passer à l'acte et vivre des fantasmes anarchistes! »
Gloria explosa de rire et dit «  bien vu! », mais son rire fît écho sur les parois du tunnel, se déforma, devînt diabolique et effrayant, et les grognements leurs semblèrent tout à coup plus proches, plus forts, plus rapides. Sans hésiter, un seul instant, sans se demander ce qui les attendait de l'autre côté, elles ouvrirent le passage vers le wagon suivant...
À suivre
Merci à Marie Poisson Rouge, ma secrétaire de rédaction.
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